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La chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis a décidé jeudi, à la demande de la défense, le report du troisième procès intenté contre l'ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, a appris l'Associated Press de source judiciaire.


L'ancien homme fort de Tunis devait être jugé par contumace, en même temps que deux de ses proches, dans deux nouvelles affaires de corruption, relatives à des transactions immobilières douteuses.
Dans la première affaire devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, Ben Ali est accusé d'abus de pouvoir pour être intervenu personnellement afin de permettre l'acquisition "frauduleuse" d'un terrain de 45.000m2 aux "Berges du lac", un quartier prisé de Tunis, en faveur de sa fille Nesrine et son gendre Sakhr Matéri pour un montant nettement inférieur aux prix du marché.
La deuxième affaire porte sur la cession, sur intervention personnelle de l'ancien chef d'Etat, d'un lot de terrain de 44.000 m2 situé dans le même quartier en faveur de la société "Al Hajar" (La pierre) appartenant à son gendre Sakhr Matéri.
A l'ouverture de l'audience à laquelle assistaient de nombreux journalistes locaux et étrangers, le président du tribunal Adel Jéridi a procédé à l'appel des trois prévenus, constatant qu'ils demeuraient "en fuite malgré les mandats d'amener lancés auprès d'Interpol".
Trois avocats, Mes Chiraz Mouelhi, Hatem Zgira et Adnane Laâbidi commis d'office par la section de Tunis du conseil national de l'ordre étaient présents pour assurer la défense des accusés.
Un quatrième conseil Hosni Béji a déclaré à l'Associated Press avoir été mandaté directement par Sakhr Matéri et Nesrine Ben Ali. Il a aussitôt demandé le report du procès pour prendre connaissance du dossier et préparer la défense de ses clients.
Le président de la cour a néanmoins tenu à rappeler les dispositions de l'article 141, alinéa 5 du code de procédure pénale tunisien qui interdit aux avocats de plaider sur le fond des affaires à l'ordre du jour en l'absence des prévenus.
Après délibérations, le tribunal a décidé de reporter l'audience au 28 juillet.
Depuis sa fuite en Arabie Saoudite le 14 janvier sous la pression d'un soulèvement populaire, après avoir gouverné le pays d'une main de fer pendant 23 ans, l'ancien président tunisien a été condamné une première fois, fin juin, en même temps que son épouse Leïla Trabelsi, à 35 ans de prison ferme et à une amende de 45 millions d'euros pour malversations et détournements de fonds publics.

Début juillet, il a écopé de 15 ans et demi de prison et un peu plus de 50.000 euros d'amende pour "détention de stupéfiants à l'usage de consommation, de l'acquisition, de l'importation et du trafic, aménagement et exploitation d'un local pour le stockage et l'usage de stupéfiants, détention d'armes et de munitions et non-déclaration de possession de pièces archéologiques".
A l'extérieur du palais de justice de Tunis, un spectacle insolite a été offert aux passants avec la simulation d'un "tribunal révolutionnaire" qui a attiré une foule de curieux.
Portant une tunique de juge, un journaliste Salah Nouayel, tenait enchaîné un accusé, censé être Ben Ali. Représenté par un acteur de théâtre, Mohsen Jaouani, ce dernier était vêtu d'une djellaba saoudienne blanche, un masque ensanglanté à la Dracula sur le visage "symbole du sang des Tunisiens que le dictateur a fait verser".
"Nous voulions à travers cette mise en scène sensibiliser l'opinion et faire pression sur le gouvernement pour qu'il s'emploie sérieusement à faire venir le président déchu et récupérer l'argent du peuple spolié", a déclaré "le juge" à l'AP.
L'acteur, lui, a qualifié de "pièces de théâtre" les procès de Ben Ali, "pour la simple raison que les jugements ne seront jamais appliqués tant qu'il demeure absent". AP

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