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Libye: retour de milliers d'Egyptiens et de Tunisiens

Par ACTU TUNISIE - 24 février 2011 Aucun Commentaire





Par milliers, ressortissants égyptiens et tunisiens fuient la Libye face à la répression sanglante du mouvement de contestation contre le régime du colonel Kadhafi. Dans leurs bagages, des années de vie mais aussi des images d'un pays plongé dans le chaos, de mercenaires engagés dans les violences contre les protestataires et de frappes aériennes. "Kadhafi est fou. C'est un massacre", lance Achraf Mohammed qui travaillait comme charpentier à Tobrouk, non loin du plateau désertique qui marque la frontière entre la Libye et son pays, et accueille en ces jours camionnettes, breaks et cars ramenant des milliers d'Egyptiens vers leur terre natale.

"Ils tiraient sur des civils et des enfants. Nous avons entendu qu'il y avait des frappes aériennes dans d'autres villes et j'ai des amis qui ne peuvent pas partir!".

D'après certains de ceux qui fuient, les représentants du gouvernement ont disparu à Tobrouk et dans d'autres localités de l'est de la Libye, foyer de la contestation. Des gardes égyptiens ajoutent que des soldats libyens semblent avoir déserté de leurs postes à la frontière, où la sécurité serait désormais assurée par des membres de tribus.

Plié en deux, sous le poids des valises et de volumineuses couvertures, Achraf Mohammed se dirigeait mardi vers les cars qui attendaient et où les noms de villes égyptiennes étaient égrenés. Des camionnettes où s'entassaient des piles de bagages quittaient la frontière et prenaient la route dans la localité égyptienne de Salloum.

La police militaire s'échinait à dompter le flot des véhicules, appelant les ressortissants à dégager de la voie au son des sirènes d'ambulances.

Un hôpital de campagne composé de tentes blanches a été érigé par l'armée. D'après le Dr Amin Gabr, peu de blessés ont reçu des soins mais la situation pourrait évoluer. "Il y a deux millions d'Egyptiens en Libye et nombre d'entre eux retournent maintenant en Egypte", dit-il, précisant que les blessures se limitent à des "contusions" et des "éraflures".

Selon le médecin, ses patients disent avoir été frappés par des mercenaires venus d'autres pays africains. Des récits corroborés par des Egyptiens attendant d'embarquer à bord d'autocars.

Le soulèvement en Libye a commencé le 15 février à Benghazi, dans le nord-est du pays, pour s'étendre vers Tripoli, la capitale.

"L'autorité n'est plus entre les mains de Moammar (Kadhafi) parce qu'il a opprimé le peuple", lance Muftah Farag. "Elle est maintenant dans les mains des personnes qui ont pris les armes. Cela ne vaut plus la peine de rester pour l'argent si je perds la vie."

Malgré plusieurs jours d'affrontements et de violences, l'afflux des Egyptiens rentrant au pays n'a commencé que mardi matin. "Je n'ai pas pu quitter ma maison pendant quatre jours en raison de tous les combats et des tirs", expliquait Fayçal Abdel Aziz.

Les Egyptiens ne sont pas les seuls à partir.

Mercredi, expatriés tunisiens et ressortissants étrangers continuaient d'affluer par milliers à la frontière terrestre tuniso-libyenne en raison de la détérioration de la sécurité en Libye, selon des sources concordantes. Dans le même temps, l'armée "renforçait sa présence dans la zone frontalière en installant des centres de secours" en coopération avec la Protection civile, le Croissant rouge tunisien (CRT) et des volontaires, rapportait l'agence de presse officielle tunisienne TAP.

D'après l'ambassadeur de Tunisie à Tripoli, Slaheddine Jemmali, l'on compte 50.000 Tunisiens en Libye, tandis que l'Office des Tunisiens à l'étranger (OTE) avance le nombre de 87.000.

Selon un comptage de l'Associated Press basé sur les chiffres diffusés par la TAP depuis trois jours, ils étaient mardi soir près de 6.000 Tunisiens à avoir franchi les deux postes frontaliers du sud tunisien et à avoir regagné le pays par voie aérienne.

La TAP faisait par ailleurs état de l'entrée en Tunisie mercredi de 1.200 étrangers dont des Turcs, des Egyptiens et des Chinois.

Selon Mohamed Bouchnak, de "l'initiative civile de protection de la révolution tunisienne", des Tunisiens rentrés de Libye ont fait état d'une "atmosphère d'insécurité totale à Tripoli", mettant en cause les "comités révolutionnaires" et des "mercenaires africains" qui "tiraient dans tous les sens et sans distinction dans les rues de la capitale".

"Pour le moment, il n'y a pas de menace d'exode de Libyens vers la Tunisie", a déclaré Mouldi Hajji, un moniteur secouriste du CRT joint par l'AP. "Mais nous sommes prêts avec nos cadres médicaux et paramédicaux à faire face à toute situation d'urgence en cas de besoin."

Selon la responsable de la communication de la compagnie Tunisair, qui a ramené mardi plus de 1.300 expatriés tunisiens, sept vols supplémentaires étaient programmés pour mercredi en plus de deux vols réguliers pour assurer le transfert de 1.300 Tunisiens présents à l'aéroport de Tripoli. Soulafa Mokaddem précisait que des autorisations de vol étaient attendues pour ramener "environ 500 autres Tunisiens (...) bloqués aux aéroports de Syrte et Sebha". AP

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