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TUNIS — Le Premier ministre islamiste Hamadi Jebali a lancé un plan d'action pour tenter d'apaiser le climat social en Tunisie après l'adoption d'un budget complémentaire de l'Etat, alors que l'agitation sociale continue seize mois après le soulèvement qui a chassé Ben Ali du pouvoir.

Un complément budgétaire a été approuvé la semaine dernière au terme de laborieux débats par l'Assemblée nationale constituante, portant le budget global de l'Etat à 25,400 milliards de dinars pour 2012 (1 dinar = 0,49 euro).
Selon la loi de finances complémentaires adoptée le 10 mai, la rallonge (2,4 milliards de dinars) sera consacrée à l'investissement porteur d'emplois --prioritairement dans les régions-- et à des dépenses sociales pour soulager une population qui se paupérise (24% de taux de pauvreté).
Ce budget devrait ouvrir la voie à la mise en oeuvre d'un train de mesures au profit de plusieurs centaines de milliers de Tunisiens sous forme de logements sociaux, d'aides aux familles démunies ou d'amélioration des conditions de vie des zones déshéritées.
Le contexte est tendu: face à une hausse sans précédent du coût de la vie, un chômage endémique et la frustration de ne pas voir venir les fruits de la révolution, grèves, sit-in, manifestations et suicides se sont multipliés depuis seize mois, donnant lieu à des heurts et actes de violence.
M. Jebali s'est engagé à faire baisser les prix, qui atteignent des records, avant le ramadan --mois de jeûne et de surconsommation-- cet été. Mais l'opposition reste sceptique.
"Difficile en huit mois!", tranche Nadia Ben Chaabane une élue du groupe de l'Opposition démocratique, voyant plutôt dans le plan "une promesse de programme électoral".
Sur le front de l'emploi, "les ambitions du gouvernement sont plutôt mesurées" estime pour sa part Lotfi Bouzaïane, expert en matière d'emploi.
Défi majeur ayant conduit au soulèvement général de décembre 2010-janvier 2011, "le chômage frôle les 19% et continuera de peser", ajoute cet analyste à l'AFP.
Le gouvernement a prévu globalement 100.000 emplois alors que le pays compte plus de 730.000 chômeurs dont plus du tiers sont des diplômés de l'université, souligne-t-il.
Lotfi Bouzaïane pointe en outre "l'absence de nouveautés majeures par rapport à l'ancien régime en matière de modèle de développement". "C'est sensiblement la même démarche", constate-t-il.
Le gouvernement vante pour sa part un "programme ambitieux". Il table sur une reprise de la croissance à 3,5% pour 2012 (-1,8% en 2011), un taux dépassant les 2,2% prévus par le Fonds monétaire international.
Le déficit du budget s'élèvera à 6,6% du PIB de l'année 2012.
Le gouvernement compte sur l'investissement local (privé et public) et international pour atteindre ses objectifs.
Pour cela, une haute autorité sera le seul vis-à-vis des investisseurs et permettrait d'accélérer la conclusion des marchés publics.
Un nouveau code des investissements et un projet de fusion de banques publiques visent aussi à faciliter les investissements.
Des avantages fiscaux seront accordés aux entreprises qui recrutent.
Outre les ressources fiscales, les dépenses du budget complémentaire doivent être couvertes par la cession antérieure de 35% du capital de Tunisie Telecom (450 millions euros) et la vente projetée des biens du clan Ben Ali confisqués (600 millions d'euros). Dons et emprunts extérieurs sont programmés malgré les risques d'alourdissement de la dette, soulignés par l'opposition.
En fonction depuis fin 2011, le gouvernement dominé par les islamistes peut aussi "arguer du peu de temps qu'il a eu pour élaborer son programme ou du souci de ne pas bouleverser le système économique à l'approche des élections", indique l'analyste M. Bouzaïane.
Hamadi Jebali a situé la date de ces élections entre mars et juin 2013 mais son plan couvre des objectifs à court et long termes allant jusqu'à 2017.

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